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village, travailler à cette besogne difficile de refondre un État, eux qui n’ont jamais connu qu’en peinture ce que c’est qu’un État ; eux qui ne connaissent rien de ce monde au-delà des bornes de leur obscur village ; qui plongés dans une pauvreté sans espérance, ne pouvaient regarder toutes les propriétés, soit séculières, soit ecclésiastiques, qu’avec des yeux d’envie ; et parmi lesquels un grand nombre, dans le plus faible espoir du plus petit partage dans le pillage, se joindrait bien vite à la première attaque, au corps de la richesse publique, richesse à laquelle ils ne pouvaient jamais se flatter d’avoir part, à moins d’un débat général[1]. Au lieu de balancer le pouvoir des chicaneurs actifs du Tiers-État, les curés ne pouvaient manquer de devenir les coadjuteurs, ou, tout au moins les instrumens passifs de ceux par qui ils étaient habituellement dirigés dans leurs petits intérêts de village : pouvaient-ils être aussi les plus délicats de leur espèce, ces curés incompétens et ignorans, devenus tout à coup assez présomptueux pour rechercher par l’intrigue une commission, qui, en les enlevant à leurs relations naturelles, les envoyait auprès de leurs embaucheurs, et les plaçait hors de leur sphère d’activité, pour entreprendre la régénération des royaumes ? Ce poids prépondérant, ajouté à la force active du corps de la chicane dans le Tiers-État, compléta cette masse d’i-

  1. Aussi, combien n’en a-t-on pas vu suivre la marche contraire de celui qui d’évêque devient meunier ?(Note de l’Éditeur.)