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voir concourir aux moyens de rendre les propriétés stables, ceux dont l’existence a toujours dépendu du talent de rendre la propriété douteuse, ambiguë et incertaine ? Leurs affaires s’augmentaient par leur élévation ; mais leurs inclinations, leurs habitudes, leurs vues et leurs manières de procéder devaient rester les mêmes.

D’accord, dira-t-on ; mais ces hommes devaient être contre-balancés et contenus par des hommes d’un autre ordre, d’un caractère plus modéré, et d’une intelligence plus étendue. Était-ce par l’autorité super-éminente, et par la dignité imposante d’une poignée de paysans qui avaient séance à l’Assemblée, quoique quelques-uns ne sussent, dit-on, ni lire, ni écrire, qu’ils devaient être ténus en respect ? Etait-ce par un aussi petit nombre de négocians qui, quoiqu’un peu plus instruits et plus distingués dans l’ordre de la société, n’avaient cependant jamais rien connu que leurs comptoirs ? Non ! ces deux classes étaient plutôt faites pour être subjuguées et dominées par les intrigues et par les artifices des gens de loi, que pour devenir leurs contre-poids. Par une si dangereuse disproportion, le tout ne pouvait manquer d’être gouverné par eux. À la faculté de droit était mêlée une part assez considérable de la faculté de médecine. Celle-ci, pas plus que l’autre, n’avait été estimée en France autant qu’elle aurait dû l’être. Ses docteurs, par conséquent, devaient avoir les qualités des hommes qui ne sont pas habitués à des sentimens de dignité ; mais en supposant qu’ils fussent placés comme ils