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DES COURTISANES PARISIENNES

Discours de Mademoiselle Testard, à l’Assemblée des Courtisanes Parisiennes.


MESDAMES,

D’après les abus innombrables que détruit dans sa course le torrent législatif, aurions-nous la douleur de voir subsister encore long-temps ces termes injurieux, ces propos indécens, dont l’éjaculation incendiaire expose à tout moment le nom, l’asile et la fortune des Courtisanes Parisiennes, et les éloigneroit du plaisir de se communiquer, si l’ascendant de la passion ne l’emportoit sur les désagréments moraux ? Non, Mesdames ; la prépondérance de notre sexe parviendra sans peine à l’épuration d’une langue qu’une société médisante, une société mercenaire (l’Académie Française) n’a pas craint elle-même de dégrader jusque dans ses fastes didactiques.

Cette réforme ne doit pas porter seulement sur les noms appellatifs ; il est des noms propres dont la saleté héréditaire choqueroit l’oreille la plus amie de la révolution. Par exemple, le mot de viterne[1] doit-il frapper les nôtres plus long temps ? Qu’il subisse le sort de la corporation où a figuré jusqu’ici l’individu qui le porte. J’en citerois une foule d’autres ; mais je m’interdis les personnalités masculines. L’observation que je fais à cet égard, engagera, sans doute, Messieurs, ou Mesdames les mal-nommées, à ne plus conserver des noms dont la déclinaison hideuse est

  1. Me. Vi-terne, est Procureur au Parlement. Cette difformité que je me plais à croire, n’exister que dans le nom, n’en a pas moins Con-sterné Madame la Procureuse.