Page:Récits de voyages d’un Arabe, trad. Lébédew, 1902.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

eu vent de l’expédition d’Alexandre, ce dernier se fortifia et entoura sa ville de cinq fossés. Il confia le commandement de chaque fossé à douze mille hommes. Lorsque Alexandre eut appris que Darius s’était entouré de fossés et voulait combattre derrière les murs de la ville, il lui envoya dire : « sors avec ton armée et combattons face à face ; et Dieu accordera la victoire à celui qu’il voudra vainqueur ».

Darius, sentant qu’il serait honteux de ne point sortir de la ville, en sortit avec son armée, et il s’engagea un combat acharné, pendant lequel il fut tué beaucoup d’hommes de part et d’autre.

Alexandre voyait que son armée cédait, et que l’ennemi, grâce à la supériorité du nombre, était sur le point de remporter la victoire ; il déclara alors à son armée qu’il élèverait au-dessus des plus hauts dignitaires de l’État, celui qui tuerait Darius. Dès que les soldats de Darius apprirent ceci, deux d’entre eux se jetèrent sur lui et le tuèrent pendant le combat, pour se venger de ce qu’il avait fait exécuter leurs fils, jadis, pour des crimes quelconques. Ils passèrent aussitôt dans l’armée d’Alexandre et lui déclarèrent leur exploit. Après la mort de Darius son armée l’abandonna et se mit en fuite, en le laissant par terre avec un reste de vie. Alexandre, l’ayant trouvé, le reconnut, descendit de cheval, s’assit auprès de lui et lui dit :

« Je remercie les dieux que tu n’aies pas été tué par les miens ; il paraît que c’était écrit par Dieu. Ne veux-tu pas me charger de quelque mission ? ? » Darius répondit : « Oui, je veux que tu me venges de mes assassins, car si tu les laisses vivre ils agiront avec toi comme ils ont agi avec moi. Et je voudrais que tu