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serve de guide. De nuit le feu brille comme une étoile et de jour il en sort de la fumée, puisque Alexandrie se trouve au bout de la baie sur un terrain plat et n’a ni montagne ni autre signe par lequel on puisse deviner qu’il s’y trouve une ville.

On dit que le fondateur de ce phare est le même qui a construit les pyramides auprès de la ville de Fostate[1], du côté occidental du Nil. D’autres disent qu’il a été construit par Alexandre le Grand lors de la fondation d’Alexandrie.

On dit qu’il y avait au sommet du phare un miroir qui reflétait les vaisseaux à un mois de marche. Ce miroir avait la propriété de brûler les vaisseaux à distance, grâce à certaines manipulations, lorsqu’il s’y trouvait des ennemis, il les anéantissait par la force de ses rayons. On dit qu’un jour l’Empereur de Byzance voulut tromper le roi d’Égypte, en lui faisant dire que : « Alexandre avait caché dans la coupole de ce phare un grand trésor de pierres précieuses, de peur qu’on ne les lui volât. Si tu me crois, hâte-toi de les en retirer ; mais si tu en doutes, je t’envoie un vaisseau chargé d’or, d’argent et d’étoffes précieuses, à condition que tu me permettes de chercher le trésor, je t’en donnerai ensuite tout ce qui te plaira ».

Le roi d’Égypte s’y laissa prendre et détruisit la coupole ; mais il n’y trouva rien et détériora le miroir merveilleux, qui cessa d’agir. Après cela l’Empereur de Byzance l’attaqua et s’empara d’Alexandrie au moyen d’une ruse adroite.

  1. Ce récit prouve que notre auteur a visité l’Égypte avant la fondation du Caire.