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quarante portes d’or et d’argent ; il est entouré de soixante-douze colonnes en cuivre, ornées d’or et d’argent ; chaque colonne est surmontée d’une idole en cuivre doré qui représente un gardien. Sur le chapiteau de chaque colonne est inscrit le nom et la langue de cette idole ; de cette façon sont représentées soixante-douze langues, toutes les langues de la terre. Chaque fois qu’un roi quelconque assiège cette ville, l’idole sous laquelle est inscrite la langue de ce roi, commence à parler, et les habitants se préparent à le combattre.

Il y a dans cette ville une écluse énorme faite d’une seule pierre dont la circonférence est d’un mille carré et la longueur de mille trois cents aunes. Des quatre côtés de cette pierre il y a des bas-reliefs.

Au milieu de l’écluse se trouve une colonne, haute de trente-cinq aunes, dont la base est en argent et le fût en bronze doré. Elle est surmontée d’un étourneau en or tenant en son bec une olive et deux dans ses griffes. Il est considéré comme un talisman.

Tous les ans, le premier octobre cet étourneau se met à battre des ailes en sifflant, ce qui attire tous les étourneaux de la terre, qui se rassemblent pour le voir et lui apportent en cadeau une olive dans leur bec et deux dans leurs griffes, qu’ils jettent dans l’écluse, et puis ils s’envolent.

Ceci arrive tous les ans. Quand tous les oiseaux se sont envolés, les trésoriers du roi arrivent pour rassembler les olives et en faire presser l’huile. Lorsque l’huile est prête on en laisse au roi autant qu’il lui en faut pour une année ; on fait de même pour l’église, et le reste est vendu au marché, puisque cette ville ne possède ni oliviers, ni huile, en dehors de ce