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Quand les hôtes se seront rassemblés, fais déclarer que personne ne touchera aux plats si ce n’est les malheureux. Tu sauras alors combien cela donne de consolation ».

Après avoir cacheté la lettre, il l’envoya à sa mère. Il ordonna a son ministre Philémon de se hâter de revenir avant sa mort.

Il mourut dans l’espace de quelques jours.

La mère d’Alexandre, se conformant au désir de son fils, organisa un grand festin et ordonna que personne n’y mangeât excepté les malheureux.

Et en effet, personne ne toucha aux mets, si ce n’est les malheureux. Elle apprit alors qu’il n’existe presque pas d’heureux sur la terre, et voyant qu’elle n’était pas seule malheureuse, elle se consola. Philémon, après avoir fait embaumer le corps d’Alexandre, le déposa dans un sarcophage en or.

Pendant le transport du sarcophage à Alexandrie, les abeilles y firent une ruche, y travaillant jour et nuit.

À Alexandrie, le peuple entoura le sarcophage, et Aristote et d’autres philosophes grecs prononcèrent des discours, chacun selon son inspiration.

Avant tous, Aristote prit la parole. Il se tenait devant le sarcophage d’Alexandre, bel exemple de vanité et du néant de ce monde. Il dit :

« Un monde qui finit ainsi est digne de mépris ! Antinous dit : Ce chemin est inévitable. Cherchez donc la vie éternelle et abandonnez celle qui est passagère.

Salomon dit : Voici le jour en lequel le mal que l’on n’attendait pas est survenu, tandis que le bien que l’on attendait s’est éloigné.