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— Pila et Syssoïko, debout, ne priaient pas, ils ne pensaient qu’à la morte : oh ! comme ils la regrettaient ; c’était vraiment dommage qu’on la mit en terre : elle était si jolie… Si la vieille la mangeait ?

— Il aurait fallu faire une seconde bière, dit Syssoïko.

— C’est trop tard, soupira Pila…. Le service finissait ; le pope aspergea les cadavres de terre et ordonna aux Podlipovtsiens de les emporter.

Pila eut toutes les peines du monde à arracher Syssoïko du cercueil ; celui-ci voulait regarder encore une fois Aproska.

— Laisse-moi l’embrasser !

— Assez, tu m’embêtes.

— Écoute, je mangerai le nez d’Aproska.

— Essaie un peu, et Pila fourra son énorme poing sous le nez de Syssoïko.

— Je ne veux pas qu’on l’encrotte ; je l’emporterai.

— Ne la touche pas !

— Laisse-moi faire !

Syssoïko et Pila se seraient battus, sans l’intervention du pope et du diacre qui les poussaient hors de l’église, tandis que deux paysans, venus comme curieux, emportaient le cercueil.

Pila entoura la bière d’une corde qu’il avait apportée et la laissa glisser dans la fosse avec l’aide de Syssoïko et des gamins.

— Pila, laisse-moi la regarder.