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— Sans toi, elle serait encore vivante, gronda Pila qui tenait à décharger sa mauvaise humeur sur quelqu’un.

— Allons, puisqu’elle est morte, il n’y rien à faire.

— Oui, si elle a fermé les yeux, c’est qu’elle est morte.

— Allez à l’église ; j’y serai dans un instant. La foule se dispersa ; le diacre s’en alla chez le stanovoï, les paysans rentrèrent chez eux ; Pila et Syssoïko conduisirent leurs traîneaux près de l’église, et portèrent le cercueil au milieu de la nef, puis, accompagnés de leurs enfants, ils allèrent au cimetière.

— Sont-ce tous des gens enterrés, ces croix ?

— Parbleu ! que veux-tu qu’il y ait d’autre. Te souviens-tu où nous avons enterré ton père ?

— Ma foi non !

— Ni moi non plus.

Les deux hommes et les deux gamins enlevèrent dans un coin la neige qui couvrait la terre et creusèrent avec leurs haches une fosse de peu de profondeur, qui pourtant les mit en nage, tant la terre était dure.

Ce travail prit bien une heure ; le marguiller vint les appeler ; le pope, en chasuble, officiait déjà avec l’aide du diacre, qui tenait un encensoir. Un lampadaire unique brûlait dans l’église, flanqué de deux cierges qui ne parvenaient pas à dissiper l’obscurité. On découvrit le cercueil.