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Syssoïko ne se laissait pas convaincre ; il ne répondit aux ouvertures de Pila que par des injures.

— Eh bien, crève ! diable têtu ; quant moi, je prends les gamins, et je m’en vais…

Matriona ne cessait d'insulter son mari :

— Maintenant que tu as donné notre vache, je te conseille de repartir et de donner aussi notre cheval.

Malgré les récriminations de sa femme, le paysan résolut d'emmener Aproska et la mère de Syssoïko vers le pope.

— Cette fois s'il me demande quelque chose, je ne lui donnerai rien du tout, il fera ce qu'il voudra.

Il fit une bière avec l'aide de Syssoïko, dans laquelle il plaça les deux mortes sans rien changer à leur habillement. Syssoïko, par un sentiment naïvement délicat, revêtit les mains de la jeune fille de ses propres mitaines et lui posa sur la poitrine un gros morceau de pain. Le même jour, c'est-à-dire le lendemain de son arrivée, Pila partit avec toute sa famille de Podlipnaïa. Matriona, Ivan, Pavel et Tiounka étaient dans le traîneau de Syssoïko, assis lui-même dans celui de son camarade. Ils étaient tous deux à cheval sur la bière.

Chemin faisant, Pila décida le jeune paysan à l'accompagner et à devenir haleur de barques. Maintenant qu'Aproska était morte, tout était bien égal à Syssoïko : il jura longtemps,