être avec elle, et pourtant elle était morte ; pourquoi n’était-il pas mort, lui aussi ? Il aurait tout fait pour rendre la vie à la jeune fille ; il serait mort avec plaisir, pourvu qu’elle fut vivante.
Pila était aussi éprouvé que le jeune homme : il regarda longtemps sa fille, et l’appela doucement :
— Aproska !
Elle ne bougea pas.
Le père poussa alors des hurlements.
Syssoïko pleurai.
La douleur de Pila était toujours aussi violente ; il sortit sur la route et pensa… il ne pensa à rien, mais le cœur lui faisait bien mal. Tout lui répugnait, lui donnait des nausées, le hameau, les voisins.
— Il faut que je fiche le camp de Podlipnaïa ! Quelle sale vie aurais-je ici sans Aproska ? Dis donc, Syssoïko, viens avec moi, nous irons haler les barques, c’est fameux.
— Non !
Syssoïko se refusait encore à croire que sa fiancée fût morte : elle avait l’air si vivante. Elle ne faisait peut-être que semblant d’être morte pour le taquiner.
Pila continuait :
— Viens, que je te dis. C’est fameux d’être haleur : on est riche comme tout, on mange autant de pain que l’on veut !