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— Au moins trente, mais nous ne sommes pas tous ici.

— Et vous allez loin ?

— Très loin !

— Que faites-vous ?

— Nous voguons sur le fleuve.

— Partez-vous bientôt ?

— Oui.

— Pila quitta les paysans et s’assit dans son traîneau. Il retourna à Podlipnaïa : tout en voyageant, il se demandait s’il ne ferait pas bien de se joindre aux bourlaki. À ce qu’on lui avait dit, ces gens-là mangeaient autant de pain qu’ils voulaient, tandis qu’au hameau, on crevait toujours de faim.

— Et puis il y a toujours quelqu’un à enterrer chez le pope. Cette foutue vie m’embête. Je veux être bourlak, c’est décidé. Que les Podlipovtsiens crèvent de faim, s’ils le veulent ! Cela ne me regarde pas. Quand Syssoïko et Aproska seront guéris, nous quitterons le hameau.

— Pila fut si content de cette perspective qu’il éclata de rire. Il était maintenant bien décidé à s’en aller avec Aproska et Syssoïko haler les barques, sans même savoir ce que c’était de haler ni avoir jamais vu un bateau. Il croyait aveuglément à la richesse et, à la quantité de pain dont on lui avait parlé !

— Je foutrai mon camp, et, alors, je ne ferai plus de révérences à personne, ni au pope, ni au