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Il pensait à partir, quand il vit autour d’un cabaret une foule de paysans Zyrianes, Votiaks, Permiens, ou appartenant aux gouvernements de Vologda et d’Archangelsk. Curieux de savoir ce qu’ils faisaient là, il demanda à un paysan :

— D’où es-tu, moi, je suis de Podlipnaïa.

— Nous voulons être bourlaki (haler les barques).

— Tiens 'et pourquoi ?

— On dit que c’est un fameux métier, qu’on dévient riche.

— Pila réfléchit et se souvint d’avoir vu chaque hiver autour de ce cabaret une masse de paysans qui disaient vouloir haler les barques sur le fleuve, parce qu’on y gagnait beaucoup d’argent. Jusqu’alors, il ne les avait pas crus, et ne savait même pas en quoi consistait leur travail. Cela lui était bien égal. Mais maintenant là vie qu’il menait lui semblait insupportable. Il se demanda s’il ne devait pas aller avec eux, mais il repensa tout à coup à sa famille, à Syssoïko et à Aproska.

— Qu’ils s’en aillent au diable avec leur halage ?

— Il trouvait qu’il faisait meilleur avec Aproska qu’avec les bourlaki (haleurs).

— Je voudrais bien m’en aller, mais où ?… Si je pars, je ne reviendrai plus au hameau.

— il demanda pourtant aux bourlaki :

— Êtes-vous beaucoup ?