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— Eh bien ! va emprunter quelque chose chez tes voisins.

— Où trouverai-je du pain, quand personne n’en a dans le hameau ? Peut-être Pila en a-t-il apporté ?

Ce dernier s’était, en effet, procuré deux miches au village, ainsi que quelques livres de farine. Tout en dételant son cheval, il jurait contre le prêtre et son diacre ; il n’avait pourtant pas négligé d’avertir les habitants du hameau de sortir leurs images saintes du grenier et de les accrocher au coin de la chambre.

Il apporta dans sa chaumière les deux miches qu’il partagea entre les prêtres et sa famille : au bout de quelques minutes, il n’en restait plus rien qu’un morceau qu’Aproska refusa de manger et garda pour Syssoïko.

— Dis donc, Pila, veux-tu de l’eau-de-vie ? cria de la soupente le diacre qui était déjà ivre.

— Oui, dame !

Le paysan but un coup à la gourde du pope.

— Allons maintenant chez ton compère, dit ce dernier en descendant de la soupente. Eh bien, ma fille, tu n’es pas encore mariée ?

— Non, petit père !

— Fais attention de ne point avoir d’enfants.

— Quand il fera plus chaud, je la mènerai à l’église.

— Il y a déjà longtemps que tu me dis cela ! À qui la donnes-tu ?