Page:Réchetnikov - Ceux de Podlipnaïa, trad Neyroud, 1888.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée

les gamins, ils ont bien fait de mourir… Ils sont bien morts, Syssoïko, tu entends ?

— Tant mieux ; je pourrai maintenant demeurer chez toi.

—  Mais, ta mère ?

—  Oh ! elle mourra aussi.

La vieille marmottait des paroles incohérentes qui n’attiraient nullement l’attention des deux hommes. Pila, du reste, était anxieux : que fallait-il faire des enfants ? Si on les enterrait sans les mener au pope, celui-ci crierait, et alors malheur à eux ! Si, au contraire, on les conduisait au cimetière du village, le prètre, comme toujours, exigerait de l’argent.

Le paysan se décida pour la dernière alternative : comme il n’avait presque plus de pain à la maison, il trouverait à s’en procurer au village et profiterait de l’occasion pour faire enterrer les enfants.

— On ferait mieux de les encrotter dans la forêt, dit Syssoïko en bougonnant ; pourtant, Sur l’insistance du paysan, il se décida à sortir avec lui.

Pila rentra dans sa chaumière, qui était plus propre et mieux éclairée que celle de son ami mais absolument nue. Aproska était étendue sur le poêle ; Matriona, vautrée dans la soupente, attendait que son mari leur apportât du lait, en mangeant une pomme de terre.

—  Où es-tu resté tout ce temps ? grogna-t-elle.