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Si Pila y avait consenti, il se serait établi définitivement chez lui, mais le paysan lui avait refusé carrément.

— Que diable, lui disait-il, c’est tout de même ton frère et ta sœur ! Ta mère t’a nourri.

Pila et Matriona voulaient que Syssoïko attendit la mort de sa mère et des gamins pour venir demeurer avec eux et se marier avec Aproska. Ils persuadèrent les deux jeunes gens qui résolurent d’attendre pour se marier que les petits mourussent.


Au moment de notre récit, les Podlipovtsiens étaient dans une fort vilaine passe ; manquant de pain et ne se nourrissant plus que de farine gâtée mélangée à de l’écorce d’arbre pilée, ils étaient tous malades. Chez Pila, Matriona, Aproska et Ivan ne pouvaient plus se lever depuis trois jours. Le père voyait bien que les simples n’avaient aucun effet et que le meilleur remède pour tout le monde aurait été du pain de farine, mais il n’osait aller à la ville de Tcherdyne, de peur de trouver toute sa famille morte à son retour. Il avait encore des pommes de terre et du lait, ce qui, Dieu merci, suffisait à sa famille, mais les autres ! – S’il partageait avec eux ses maigres provisions, il mourrait lui-même de faim. Que faire ? Le pauvre homme était dans un grand embarras…