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— Pauvre bête, fit le paysan attendri, en le voyant mâcher avec avidité les tiges maigres et dures.



Gavrilo Gavrilitch Piline, surnommé Pila, était un brave homme, déluré et travailleur, qui trouvait toujours quelque chose à gagner de droite et de gauche. L’année précédente, il avait été à la chasse où il avait tué assez de gibier pour nourrir toute l’année sa famille avec l’argent qu’il en avait retiré à Tcherdyne. S’il n’avait pas eu le malheur de perdre son fusil dans une rivière et de tomber lui-même dangereusement malade pendant deux mois, il s’en serait tiré aussi cette année-là. Quand il se rétablit, la misère était atroce dans le hameau, on en était à manger de l’écorce d’arbre, et hommes et chevaux croyaient devoir crever de faim. Grâce à l’esprit entreprenant de Pila, ils s’en sortirent tout de même. Il réunit tous les ustensiles de bois que les habitants avaient fabriqués et dont on pouvait tirer quelques kopecks et partit à la ville, où il connaissait un cabaretier qui lui trouva des acheteurs. Il ramena à Podlipnaïa passablement de farine, qu’il partagea avec ses camarades. Quand il ne parvenait pas à gagner quelque chose, il faisait cent verstes avec sa rosse et s’en allait mendier et partageait les aumônes qu’il avait reçues