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tenté de garder leur liberté, et chassé fonctionnaires et pope, mais le stanovoï les avait si bien caressés de son fouet, qu’ils ne regimbaient pas. Heureusement pour eux, le pope demeurait loin ; ils cachaient les images saintes que celui-ci leur avait données et ne les accrochaient au mur que lorsque le prêtre venait chez eux baptiser un enfant. Aussi bien, ils ne comprenaient pas ce qu’il leur disait de Dieu ; ils n’avaient peur que de l’enfer. Les Podlipovtsiens n’avaient point grand foi en leur pope. Quand ils se mariaient, c’était d’abord selon leurs coutumes, et ce n’est qu’après qu’ils allaient à la paroisse faire consacrer la cérémonie par le pope. Ils n’en auraient rien fait si celui-ci ne les avait pas menacés du stanovoï dont ils connaissaient trop bien le fouet pour désobéir. Ils n’avaient pas oublié que lorsqu’une épidémie avait fait mourir six personnes à Podlipnaïa, il les avait tous fait fouetter, hommes et femmes, et avait emmené avec lui trois vieillards dont on n’eut jamais aucunes nouvelles.

Les Podlipovtsiens ont toujours des arriérés d’impôts en souffrance. Où prendraient-ils de l’argent pour les payer ? Ils se marient parce qu’ils aiment les filles d’un amour à eux, qui n’a rien d’idéal. Ils ont joué ensemble étant gamins ; une fois qu’ils sont pubères, ils vivent ensemble. Ce qui les ennuie fort, c’est qu’il