Page:Réchetnikov - Ceux de Podlipnaïa, trad Neyroud, 1888.djvu/23

Cette page n’a pas encore été corrigée

éreinte sans les nourrir, eux-mêmes et leur propre sort, et tout leur entourage. Les pauvres diables sont torturés par la faim ou la maladie. Dans le nombre, pourtant, se trouvent des adolescents, des jeunes filles qui, bien que laides, sont brûlées de passions que la souffrance intense rend encore plus féroces.

Les Podlipovtsiens, qui dépendent du district de Tcherdyne, gouvernement de Perm, étaient autrefois des serfs dépendant de la couronne. Misérables comme tous les habitants de ce gouvernement, ils sont encore plus malheureux que les paysans des autres districts, car, sans industrie, ils n’existent que par un miracle.

Ils n’ont pas d’argent pour acheter du pain ; d’où en tireraient-ils, en effet, car la forêt qui les entoure est un capital qui ne rapporte rien ; dans ce district forestier, le bois n’a pas de valeur, et ce n’est pas des ustensiles de bois qui se vendent à un prix dérisoire, ni du foin qui abonde, que nos villageois peuvent faire commerce ? Les Podlipovtsiens vont bien à la chasse, mais la poudre coûte cher, et les ours commencent à se faire rares. Il est vrai qu’on peut les tuer au moyen d’un épieu en fer, moyen dangereux, mais qui a l’avantage de ne rien coûter. En général, quand un paysan de Podlipnaïa parvient à gagner trois roubles[1] pendant les six

  1. À peu près neuf francs en 1888.