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11. Ceux qui savent dire les Heures canoniales avec les clercs les réciteront suivant les règles établies par les saints Pères et la coutume approuvée de l’Église. Ceux qui ne le savent pas diront pour Matines vingt-cinq Notre Père excepté les dimanches et les jours de fête solennelle aux Matines desquels nous prescrivons que ce nombre soit doublé, en sorte qu’ils en disent cinquante. Ils en diront sept pour Laudes, sept également pour chacune des autres Heures, à l’exception des Vêpres pour lesquelles vous devrez le dire quinze fois.

12. Qu’aucun des Frères ne dise que quelque chose lui appartient en propre, mais que tout vous soit commun[1] et soit distribué à chacun par la main du Prieur, c’est-à-dire par le Frère qu’il aura chargé de cet office selon les besoins de chacun[2], compte tenu de l’âge et des nécessités de chacun.

13. Dans la mesure où la nécessité l’exigera, vous pouvez avoir des ânes ou des mulets et quelque nourriture pour des animaux et des volailles.

14. Pour autant que cela pourra se faire le plus commodément, un oratoire sera construit au milieu des cellules. Vous devrez vous y réunir au matin de chaque jour pour prendre part aux solennités de la messe, là où cela peut se faire commodément.

15. En outre, les dimanches ou d’autres jours, lorsque cela sera nécessaire, vous traiterez de la garde de l’Ordre et du salut des âmes ; on procédera en même temps, avec charité, à la correction des manquements et des fautes des Frères, si l’on a pu en remarquer chez l’un ou l’autre.

16. Vous garderez le jeûne tous les jours, les dimanches exceptés, de la fête de l’Exaltation de la Croix jusqu’au jour de la Résurrection du Seigneur, à moins que l’infirmité ou la faiblesse du corps ou quelqu’autre juste cause n’engage à rompre le jeûne, car la nécessité n’a point de loi.

17. Vous vous abstiendrez de manger de la viande, si ce n’est comme remède à la maladie ou à la faiblesse. Mais comme en voyage vous êtes souvent obligés de mendier, pour ne pas être à charge à vos hôtes, vous pourrez, hors de vos maisons, manger des aliments accommodés avec de la viande. En outre, sur mer, il vous sera permis de manger de la viande.

18. Mais comme la vie de l’homme sur terre est un temps de tentation [voir Jb 7, 1] et que tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ souffrent persécution[3], comme aussi votre adversaire le diable tourne autour de vous, tel un lion rugissant, à la recherche d’une proie à dévorer [voir 1 P 5, 8], mettez tous vos soins à vous revêtir de l’armure de Dieu, afin de pouvoir résister aux embûches de l’ennemi[4].

19. Ceignez vos reins de la ceinture de la chasteté[5] ; fortifiez votre cœur par de saintes pensées, car il est écrit : « La pensée sainte te gardera » [Pr 2, 11 selon les LXX]. Revêtez la cuirasse de la justice, en sorte que vous aimiez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme et de toutes vos forces[6] et votre prochain comme vous-mêmes[7]. Prenez, en toutes choses, le bouclier de la foi grâce auquel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés du malin[8] ; sans la foi il est, en

  1. voir Ac 2, 44 ; 4, 32
  2. voir Ac 4, 35
  3. voir 2 Tm 3, 12
  4. voir Ep 6, 11
  5. voir Ep 6, 14
  6. voir Dt 6, 5 ; Mt 19, 19b.
  7. voir Mt 19, 19b
  8. voir Ep 6, 16