Page:Quitard - Dictionnaire des proverbes.pdf/689

Cette page a été validée par deux contributeurs.
669
TON

choix aussitôt qu’elle aurait terminé une pièce de toile à laquelle elle travaillait, et fit durer l’ouvrage en défesant de nuit ce qu’elle avait fait pendant le jour.

Vous parlez trop, vous n’aurez pas ma toile.

C’est ce qu’on dit à un babillard qui cherche à séduire par des beaux discours. — Allusion à un conte de vieille, que l’abbé Tuet rapporte ainsi, d’après Fleury de Bellingen : Une paysanne avait chargé son fils d’aller vendre au marché une pièce de toile, et comme il n’était pas bien fin, elle lui avait défendu de la vendre à un grand parleur, qui l’enjôlerait pour avoir la marchandise à bas prix. Ce benêt retint si bien sa leçon, qu’il ne trouva point d’acheteur qui ne parlât trop à son gré ; car dès qu’on lui avait demandé combien la toile, et qu’il en avait dit le prix, si on lui répondait c’est trop cher, il répliquait à l’instant : Vous parlez trop, vous n’aurez pas ma toile, et renvoyait ainsi tout son monde.

Une autre version dit que ce Jocrisse, prévenu par sa mère d’éviter de faire marché avec des femmes bavardes, renvoya toutes celles qui se présentèrent, en leur disant : Vous parlez trop, vous n’aurez pas ma toile ; et, comme il lui avait été recommandé de ne pas revenir sans s’être défait de sa marchandise, il l’offrit à une madone placée sur la route et la lui laissa, parce qu’elle ne parlait point.

toit. — Prêcher une chose sur les toits.

C’est la divulguer, la rendre publique. — Cette expression, plusieurs fois employée dans l’Écriture-Sainte, est venue de ce que les grands édifices de la Judée étaient couverts par une plate-forme ou terrasse, sur laquelle on avait la liberté de monter, et du haut de laquelle on haranguait quelquefois le peuple. Le temple de Jérusalem n’était pas couvert autrement.

ton. — C’est le ton qui fait la chanson ou la musique.

Pour signifier qu’il y a dans le langage, en certaines circonstances, un accent qui modifie le sens des mots et porte à l’oreille une expression différente ; que c’est moins ce qu’on dit qui blesse que la manière dont on le dit.