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Dieu seul devine les sots.

On peut prédire jusqu’à un certain point ce que pensera ou fera un bon esprit dans une circonstance donnée, car sa conduite est conforme à la raison, qui est une et simple, et procède toujours d’une manière suivie ; mais, il n’en est pas de même d’un sot, dont la marche n’est jamais régulière ni conséquente. La sottise est mère, elle enfante à chaque instant de nouvelles sottises, qu’on ne peut pas plus prévoir qu’on ne prévoit les monstres avant l’accouchement ; et voilà pourquoi on dit qu’il n’y a que Dieu qui devine les sots.

soulier. — Chacun sait où son soulier le blesse.

Un patricien romain avait une femme jeune, belle, riche et honnête, et néanmoins il la répudia. Comme ce divorce ne paraissait fondé sur aucun motif raisonnable, ses amis, le lui reprochèrent. Mais il leur répondit en avançant le pied : Regardez mon soulier : en avez vous vu un de mieux fait et de plus élégant ? Cependant il n’y a que moi qui sache où il me blesse. De là vint le proverbe pour signifier qu’il y a des peines secrètes qui ne sont connues que de ceux qui les éprouvent.

C’est à tort qu’on a attribué ce trait à Paul Émile qui répudia pour une cause inconnue sa femme Papyria, fille de Papyrius Masso ; car Plutarque (Vie de Paul Émile, ch. vii) cite ce trait par forme d’apologie du divorce de son héros.

soufflet. — Donner un soufflet à Ronsard.

C’est faire une faute contre la langue. — Ronsard composa une rhétorique pleine de beaux préceptes pour parler élégamment la langue française, et cet auteur fit autorité dans son temps. Il fut surnommé le prince des poëtes français, titre qu’on trouve au frontispice de ses œuvres, magnifiquement imprimées aux frais du trésor royal. L’admiration qu’il inspirait était si grande, que l’historien De Thou voyait une compensation du

    y offrait l’hommage même de son imbécillité, de son infamie, à l’église qui devait le régénérer. C’était une comédie sacrée qu’on jugea dangereuse, lorsque, ayant cessé de la comprendre, on ne vit que la lettre et on perdit le sens du symbole.