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POT

ner le front et la coupe des convives, ou placée par bouquets sous leurs yeux, elle servait à leur rappeler que les doux épanchements, nés de la liberté qui règne dans les banquets, doivent toujours être sacrés. Nos bons aïeux avaient adopté cet aimable usage, qu’ils rendaient plus significatif encore, en exposant sur la table un vase de roses sous un couvercle[1] ; et de là vint la locution : Découvrir le pot aux roses, c’est-à-dire les choses qu’on veut tenir cachées, et particulièrement les mystères de la galanterie.

Les Allemands, pour recommander de ne point trahir une confidence, se servent de la formule suivante : Ceci est dit sous la rose.

Cette formule est également familière aux Anglais, et voici comment elle a été expliquée dans l’Herbier de la Bible, par Newton (pag. 223, 224, édition de Londres, in-8o, 1587) : « Quand d’aimables et gais compagnons se réunissent pour faire bonne chère, ils conviennent qu’aucun des joyeux propos tenus pendant le repas ne sera divulgué, et la phrase qu’ils emploient pour garantie de leur convention, est que tous ces propos doivent être considérés comme tenus sous la rose, car ils ont coutume de suspendre une rose au dessus de la table, afin de rappeler à la compagnie l’obligation du secret. »

Peacham, dans son ouvrage intitulé : The Truth of our times ; la Vérité de notre temps (pag. 173, édit. de Londres, in-12, 1638), rapporte qu’en beaucoup d’endroits de l’Angleterre et des Pays-Bas, on voyait une rose peinte au beau milieu du plafond de la salle à manger.

On peut croire qu’un pareil usage ne fut pas inconnu aux anciens, si l’on en juge par ces quatre vers que Lloyd, dans son Dictionnaire, dit avoir été trouvés sur une dalle antique de marbre :

  1. Cet usage n’est pas entièrement tombé en désuétude. J’en ai été témoin dans la petite ville de Vabres, près de Saint-Affrique, département de l’Aveyron.