Je veux enfin qu’au jour marqué pour le repos,
L’hôte laborieux des modestes hameaux,
Sur sa table moins humble ait, par ma bienfaisance,
Quelques-uns de ces mets réservés à l’aisance.
Les plaisants lui reprochèrent d’avoir tourné autour du pot.
C’est le pot de terre contre le pot de fer.
C’est un homme faible contre un homme fort ; c’est un homme sans appui qui doit échouer dans un démêlé avec un homme qui a de l’autorité et du crédit. — Ce proverbe est d’une grande antiquité, car il se trouve dans une fable d’Ésope et dans le passage suivant de l’Ecclésiastique (ch. xiii, ℣ 2 et 3) : Ditiori te ne socius fueris. Quid communicabit cacabus ad ollam ? quando enim se colliserint confringetur. « N’entre point en société avec un homme plus puissant que toi. Quelle union peut-il y avoir entre un pot de terre et un pot de fer ? s’ils viennent à se heurter l’un contre l’autre, le pot de terre sera brisé. »
Découvrir le pot aux roses.
La rose, dont le Tasse a dit d’une manière si charmante : Quanto si mostra men, tanto e più bella ; moins elle se montre, plus elle est belle, la rose était, dans l’antiquité, le symbole de la discrétion ; et la riante mythologie avait consacré cette idée, en racontant que l’Amour avait fait présent de la première rose qui parut sur la terre à Harpocrate, dieu du silence, pour l’engager à cacher les faiblesses de Vénus. De même que la rose a son bouton enveloppé de ses feuilles, on voulait que la bouche gardât la langue captive sous les lèvres[1]. Quand on fesait une confidence à quelqu’un, on ne manquait pas de lui offrir une rose, comme une recommandation expresse de respecter les secrets dont il devenait dépositaire. Cette fleur figurait surtout dans les festins : tressée en guirlandes destinées à couron-
- ↑ C’est ce que dit saint Grégoire de Nazianze, dans des vers grecs dont sir Thomas Brown a rapporté cette traduction latine.
Utque latet rota verna suo putamine clausa,
Sic os vincla ferat, validisque arctetur habenis,
Indicatque suis prolixa silentia labris.