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OIE

geant les vierges, massacrant les hommes et emmenant les enfants en captivité. Les horreurs qu’ils commirent, et auxquelles l’imagination ajoutait encore, imprimèrent la terreur à des esprits imbus de mille superstitions ; et cette terreur les fit regarder comme des êtres hideux, épouvantables et stupides, qui avaient faim de chair humaine. Les conteurs de profession, les auteurs du Mabinogion[1], et après eux les bonnes vieilles et les nourrices, employèrent dans leurs fictions les Oïgours ou les Ogres au lieu de bêtes féroces, comme le principal ressort de terreur,

oie. — L’oie de la Saint-Martin.

L’Église romaine a eu autrefois jusqu’à trois carêmes, celui d’avant Pâques qu’elle a conservé, et deux autres qu’elle a supprimés : l’un de ces derniers précédait Noël, et commençait le 12 novembre, lendemain de la fête de Saint-Martin. Cette fête était alors consacrée, comme l’est aujourd’hui le mardi-gras, aux réjouissances et aux festins, et l’oie rôtie, qui fesait le régal de nos bons aïeux, figurait sur toutes les tables. L’oie a été remplacée depuis par le dindon, oiseau indigène du Paraguay, importé en Europe par les jésuites au xvie siècle ; cependant son règne n’est pas encore passé. Les artisans, dans beaucoup d’endroits, sont restés fidèles à l’usage de se réunir en famille pour manger l’oie de la Saint-Martin.

J. C. Frohman a écrit en latin, sur cet antique usage, un savant traité qui a pour titre : Tractatus curiosus de ansere Martiniano, Lipsiæ, 1720, in-4o.

Qui a plumé l’oie du roi, cent ans après il en rend la plume.

La prescription, c’est-à-dire la manière d’acquérir la propriété d’une chose, ou d’exclure une demande en justice par une possession non interrompue durant un temps déterminé, était légalement acquise autrefois comme aujourd’hui, au bout de

  1. Mabinogion est un mot gallois qui signifie contes pour la jeunesse et l’enfance. M. de Walckenaer reconnaît dans le mabinogion le type primitif de nos contes de fées.