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OBÉ

dont il est parlé à l’article consacré à ce mot, page 145. Elle s’appliqua d’abord, dans le sens propre, à l’homme qui, en jouant à ce jeu, avait la main heureuse, comme on dit, et tirait presque toujours de l’urne un billet écrit ou numéro gagnant.

O

o. — Rond comme l’O du Giotto.

Expression reçue parmi les peintres pour désigner une figure parfaitement ronde. — Le Giotto, élève de Cimabué, était un célèbre peintre Toscan, qui fit oublier son maître, et fut regardé comme le régénérateur de la peinture. Il venait de terminer les six grandes fresques du Campo Santo de Pise, dans lesquelles il avait représenté les misères et la patience de Job, lorsque le pape Boniface VIII, qui voulait l’employer à Rome, envoya auprès de lui un de ses gentilshommes pour juger si son mérite égalait sa réputation. Le Giotto, piqué de ce que le Saint-Père paraissait douter de ses talents, refusa obstinément de remettre à l’envoyé des dessins que celui-ci lui demandait ; mais prenant une feuille de papier, il y traça, sous ses yeux, au courant du crayon, un cercle parfait qu’il le pria de présenter à sa sainteté. Cette figure fut admirée de Boniface VIII, qui se hâta d’appeler l’artiste à Rome, et elle obtint en peu de temps une célébrité proverbiale.

obéir. — Il faut apprendre à obéir pour savoir commander.

Proverbe pris de cette maxime de Solon, citée par Stobée : Apprenez à obéir avant de commander, car ayant appris à obéir, vous saurez commander. — La même maxime se trouve dans Aristote.

Nos anciens chevaliers regardaient l’obéissance comme l’apprentissage du commandement. « Il convient, dit l’Ordène de Chevalerie[1], que le jeune gentilhomme soit subject avant

  1. Ouvrage composé au xiie siècle par Hue de Tabarie. Le fragment cité est extrait d’une édition dans laquelle le style de cet ouvrage a été un peu rajeuni.