Page:Quitard - Dictionnaire des proverbes.pdf/566

Cette page a été validée par deux contributeurs.
546
MUL

Quelques auteurs font remonter l’origine de cette expression jusqu’au règne de Vespasien. Cet empereur, voyageant un jour en litière, fut obligé de s’arrêter pour faire ferrer ses mules, sur la demande de son cocher ; mais ayant soupçonné que cette demande n’avait été faite que pour ménager une audience à un solliciteur, il voulut savoir ce que le cocher avait gagné à faire ferrer, quanti calceasset, et il se fit donner la moitié du bénéfice (Suétone, Vie de Vespasien, ch. 23). D’autres auteurs disent que l’expression ferrer la mule est venue de ce que, dans le temps où les magistrats allaient au palais, montés sur des mules, les laquais qui gardaient les bêtes, pendant l’audience, buvaient ou jouaient pour se désennuyer, et puis cherchaient à s’indemniser de leur dépense ou de leur perte, en fesant payer quelquefois à leurs maîtres des frais supposés pour le ferrement des mules.

mulet. — Garder le mulet.

Cette expression fut introduite dans le temps où les magistrats, les médecins, et autres graves personnages, montaient sur des mules ou des mulets pour aller à leurs affaires. Elle signifie, attendre avec ennui, avec impatience, comme fesaient les valets qui gardaient ces mules ou ces mulets dans la rue, lorsque les maitres étaient entrés dans quelque maison.

Têtu comme un mulet.

J.-J. Rousseau a dit : Têtu comme la mule d’Edom.

Il est difficile de faire quitter au mulet la route qu’il veut suivre, et plus difficile encore de le faire marcher dans la compagnie des chevaux, pour lesquels il a une aversion extrême. La résistance qu’il oppose s’accroît d’ordinaire sous les coups qu’il reçoit, et se change en une colère terrible : alors il se précipite sur l’imprudent qui a voulu le contraindre ; et malheur à celui-ci ! car, en pareil cas, ainsi que ledit un proverbe provençal : Il n’y a pas de mulet qui ne tue son conducteur.

On croyait autrefois que l’homme exposé à un si grand danger n’en pouvait être sauvé que par une protection céleste : c’est ce qu’attestent quelques ex voto qui représentent l’animal