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MÉL

Regnier a employé cette expression dans ce vers de sa 8e satire :

D’un ris de saint Médard il me fallut respondre.

médisant. — L’écoutant fait le médisant.

Quelqu’un disait à un sage : Une personne vous a diffamé en ma présence. — Si vous n’aviez pas écouté cette personne avec plaisir, repartit le sage, elle ne m’aurait point diffamé.

La réponse était juste. On ne médit d’ordinaire que parce qu’on est écouté, et le médisant n’est guère plus coupable que l’écoutant. Le premier a le diable sur la langue, dit saint Bernard, et le second l’a dans l’oreille.

Suivant un autre proverbe, la moitié du monde s’applique à médire, et l’autre moitié à écouter les médisances. Si cela est vrai, il faut en conclure que l’homme qui voulait qu’on pendit par la langue ceux qui médisent, et par les oreilles ceux qui écoutent les médisances, souhaitait la destruction du genre humain.

Une comtesse de Poitiers, nommée Alienor, disent les Chartres de cette ville, avait établi des peines afflictives contre les femmes médisantes, dans un code de lois qu’elle avait rédigées elle-même en latin. Voici un article curieux de cette pénalité : « Si une femme est convaincue de médisance, elle sera liée sur un âne avec une corde, et de plus elle sera plongée trois fois dans l’eau. »

mélusine. — Faire des cris de Mélusine.

On a prétendu que Mélusine était une altération de mère Lucine, mater Lucina, déesse invoquée par les femmes en couches, et que l’expression signifiait proprement crier comme une femme qui accouche. — Cette expression a une tout autre origine : elle rappelle la fée Mélusine, dont Jean d’Arras a écrit, vers la fin du xive siècle, la merveilleuse histoire, que des écrivains français et allemands du xvie siècle ont augmentée d’une infinité de détails. À les en croire, Mélusine était une fée aussi prudente qu’habile, à qui l’on doit la construction de Saintes, de La Rochelle, des châteaux de Lusignan, de Pons,