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quitte aussitôt après qu’on l’a possédée. Jean des Vignes est une altération de gens des vignes, et l’expression rappelle ces unions illicites qui se forment entre les vendangeurs et les vendangeuses de divers pays, et qui ne durent que le temps de la vendange.

jean de wert. — Je m’en moque comme de Jean de Wert.

Jean de Wert, fameux général allemand, ainsi nommé du village de Wert, en Gueldre, lieu de sa naissance, s’était emparé de plusieurs places de la Picardie, en 1636. Il avait rendu son nom extrêmement redoutable. Ayant été fait prisonnier deux ans après, avec trois autres généraux, à la bataille de Rhinfeld, par le duc de Weimar, allié de la France, il fut envoyé à Paris, où sa défaite fut célébrée dans une foule de chansons populaires. Alors il ne resta plus de trace de la terreur qu’il avait inspirée. Les enfants même, dont il était devenu l’épouvantail comme un autre Croquemitaine, furent tout à fait rassurés, et de là vient l’expression proverbiale, employée dans le même sens que Je m’en moque comme de l’an quarante, ou Je m’en moque comme de Colin-Tampon.

On trouve dans le Mercure Galant du mois de mai 1702 (page 77) un article curieux de Mlle L’héritier sur Jean de Wert, où il est dit que le temps de la captivité de ce général fut appelé proverbialement le temps de Jean de Wert.

jean-farine. — C’est un Jean-Farine.

C’est un niais, un benet. Ce terme populaire est venu des farces enfarinées, où l’acteur qui fesait le personnage d’un imbécile avait la figure saupoudrée de farine et le nom de Jean-Farine. C’est ce qu’on a nommé depuis le Gilles ou le Pierrot.

jean-lorgne. — C’est un Jean-Lorgne.

Un sot, un niais, un badaud. — Jean-lorgne, ou Jan-lorgne est une abréviation de Jean, ou Jan qui lorgne. On dit aussi faire le Jan-Lorgne.