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Qui oblige fait des ingrats.

Quand j’accorde une grâce, disait Louis XIV, je fais un ingrat et vingt mécontents.

Un des plus grands obstacles à la bienfaisance, ou du moins un prétexte spécieux pour ne pas l’exercer, c’est la crainte de l’ingratitude. Cette crainte qui, poussée à l’excès, devient l’inhumanité même, a dicté le proverbe florentin : Non fai bene e non avrai male. Ne fais point de bien, et tu n’auras point de mal. Maxime détestable, à laquelle trop de faits donnent une apparence de fondement.

Opposons à cette maxime un adage oriental qui présente le plus beau précepte de la charité évangélique : Donne du pain à un chien, dût-il te mordre.

injure. — Qui supporte une injure s’en attire une nouvelle.

Veterem ferendo injuriam, invitas novam. (Térence.) — La conclusion à tirer de ce proverbe n’est pas qu’il faut se venger d’une injure, car la vengeance n’est pas permise, et loin de remédier au mal elle peut souvent l’accroître, mais qu’il faut repousser une injure de telle sorte qu’elle n’ose plus se renouveler ; ce qui se fait toujours plus sûrement par une noble fierté de caractère que par d’odieuses représailles.

Le meilleur remède des injures, c’est de les mépriser.

Convicia, si irascare, agnita videntur : spreta exolescunt. (Tacite, Annal., liv. iv, c. 34.) S’irriter des injures, c’est presque reconnaître qu’elles sont méritées ; les mépriser, c’est en détruire tout l’effet. — Un grand cœur doit dédaigner les offenses. Quand on me fait une offense, disait Descartes, je tâche d’élever mon ame si haut que l’offense ne parvienne pas jusqu’à elle.

innocent. — C’est un innocent fourré de malice.

La Monnoye pense qu’au lieu d’innocent fourré de malice, on a dit primitivement innocente fourrée de malice, par équivoque d’une sorte de robe nommée innocente avec une fille ou femme qui fait l’innocente, la simple, et qui dans l’ame ne l’est point.