Page:Quitard - Dictionnaire des proverbes.pdf/472

Cette page a été validée par deux contributeurs.
452
HEU

héros. — Il n’y a point de héros pour son valet de chambre.

On croit que ce proverbe a été inventé par le maréchal de Catinat, qui disait : Il faut être bien héros pour l’être aux yeux de son valet de chambre. La pensée qu’il exprime se trouve dans le passage suivant de Montaigne : « Tel a été miraculeux au monde à qui sa femme et son valet n’ont rien vu seulement de remarquable. Peu d’hommes ont été admirés par leurs domestiques. Nul n’a été prophète non-seulement en sa maison, mais en son pays, dit l’expérience des histoires. » (Ess., liv. iii, c. 2.)

« Écoutez ceux qui ont approché autrefois de ces hommes que la gloire des succès avait rendus célèbres ; souvent ils ne leur trouvaient de grand que le nom : l’homme désavouait le héros. Leur réputation rougissait de la bassesse de leurs mœurs et de leurs autres penchants ; la familiarité trahissait la gloire de leurs succès. Il fallait rappeler l’époque de leurs grandes actions pour se rappeler que c’était eux qui les avaient faites. » (Massillon.)

La plupart des héros sont comme de certains tableaux, pour les estimer il ne faut pas les regarder de trop près. (La Rochefoucauld.)

Pour son siècle incrédule un héros n’est qu’un homme.

(M. de Lamartine.)

heur. — Il n’y a qu’heur et malheur.

C’est-à-dire que le hasard décide de la plupart des choses. Les Grecs avaient un proverbe semblable, qu’Amyot a traduit ainsi :

Tous faits humains dépendent de fortune,
Non de conseil ni de prudence aucune.

Plutarque, dans son Traité de la fortune, s’est attaché à démontrer la fausseté de ce proverbe, qui attribue tout au sort et ne laisse rien à la prudence. Cependant il est vrai de dire que la raison humaine est presque toujours en défaut, et que la fortune semble se moquer d’elle en donnant des résultats