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conjugal. Saint Augustin, Traité septième, de l’Évangile selon saint Jean, spécifie les divers sortiléges usités en pareil cas. Charlemagne, dans ses Capitulaires, condamne à des peines afflictives les fauteurs de cette œuvre d’iniquité, et plusieurs pontifes ont fulminé des bulles contre eux.

La superstition avait suggéré un assez grand nombre de moyens pour empêcher ou pour rompre le nouement de l’aiguillette. Un des plus anciens, que rapportent les auteurs qui ont écrit sur les cérémonies nuptiales, consistait à frotter de graisse de loup le haut et les poteaux de la porte de la maison où les mariés devaient coucher ; et il est à remarquer que le mot latin uxor, épouse, est venu de cette onction faite par l’épouse. On a dit d’abord unxor, du verbe ungere, oindre, et puis uxor. Ne riez pas de cette étymologie : elle a été reconnue, excellente par Festus, saint Isidore de Séville, Arnobe, Donat, Servius, Brisson, etc., etc.

Chez nos bons aïeux, on avait soin de mettre du sel dans ses poches ou des sous marqués dans ses souliers, avant d’aller à l’église pour la cérémonie du mariage. Quelquefois on fesait cette cérémonie pendant la nuit, en cachette, afin qu’il n’y eût que des personnes non suspectes ; quelquefois aussi on frappait la tête et la plante des pieds des fiancés avec des bâtons ou autrement, pendant qu’agenouillés ils recevaient la bénédiction nuptiale. (Thiers, Traité des superstitions.)

Lorsque ces préservatifs contre le sortilége n’avaient pas été assez efficaces, on perçait un tonneau de vin blanc dont on n’avait encore rien tiré, et on fesait passer dans l’anneau nuptial le premier vin qui en coulait. — On usait aussi de plusieurs pratiques religieuses, indiquées dans quelques rituels, pour guérir les hommes froids et maléficiés, homines frigidos et maleficiatos.

Le père Théophile Raynaud a écrit sérieusement qu’il était permis, en ce cas, de renouveler le mariage qu’on avait contracté, et il en cite plusieurs exemples. Cependant l’Église condamna formellement cette folle idée qui s’était accréditée.