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cette course fut supprimée. Golnitz, qui en a parlé dans son Ulysse gallo-belge, écrit en 1630, nous apprend qu’elle n’existait plus alors depuis longtemps.

On fesait courir aussi les courtisanes en Italie, et le prix qu’on leur donnait, ou le palio, était un coupon de velours ou de brocard, ou de quelque autre étoffe précieuse.

Certains étymologistes ont pensé que la qualification de coureuse donnée à une femme galante est venue d’une allusion à cette espèce de course. Il est plus probable que cette espèce de course, au contraire, a été la conséquence de la qualification de coureuse, qui est d’une haute antiquité. Salomon, dans ses Proverbes (ch. 7, v. 9), appelle la courtisane mulier vaga, c’est-à-dire coureuse ; et Properce se sert du même terme, dans ce vers de la cinquième élégie du premier livre :

Non est illa vagis similis collata puellis.

Celle que tu recherches ne ressemble point aux coureuses.

Nouer l’aiguillette.

Ami lecteur, vous avez quelquefois
Ouï conter qu’on nouait l’aiguillette.

(Voltaire.)

Cette expression, dont on se sert pour désigner un prétendu maléfice auquel le peuple attribue le pouvoir de réduire les nouveaux mariés à un état d’impuissance, est venu, dit un excellent commentateur de Regnier, de ce que, autrefois, le haut-de-chausses tenait au pourpoint par un lacet nommé aiguillette, ajustement dont le costume de l’Avare, conservé au théâtre dans cette pièce de Molière, peut donner une idée. C’est l’explication la plus décente, et je m’y tiens. Si l’on en désire une autre, on saura bien la trouver sans moi.

On a cru, dans tous les temps, qu’il y avait des sorciers capables d’empêcher la consommation du mariage, et cette croyance, tout absurde qu’elle est, a été partagée par des philosophes, des saints, des législateurs et des papes. Platon, livre xi des Lois, conseille aux nouveaux époux de se prémunir contre les charmes ou ligatures qui trompent l’espoir du lit