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dans l’intérêt de son client, en leur reprochant d’accorder leur attention à une dispute sur l’ombre d’un âne, tandis qu’ils la refusaient à une cause où il s’agissait de la vie et de l’honneur d’un homme.

Les Latins disaient : Rixari de lanà caprinâ. Disputer sur la laine d’une chèvre. Expression qui se trouve dans ce vers d’Horace :

Alter rixatur de lanâ sape caprinâ.

aiguillette. — Courir l’aiguillette.

Cette expression est, dit-on, fondée sur une coutume observée anciennement à Beaucaire, la veille de la foire, par les femmes de mauvaise vie qui, ce jour-là, célébraient la fête de sainte Magdeleine, leur patronne, en faisant une course publique où la plus agile gagnait un paquet d’aiguillettes. Ce n’était point sans un motif particulier qu’un pareil prix leur était assigné par les autorités du lieu ; car l’enseigne de ces femmes était une aiguillette que chacune d’elles portait sur l’épaule gauche. Ainsi le voulait une ordonnance par laquelle Louis IX avait réglé leur costume, ordonnance que la reine Jeanne, comtesse de Provence, fit observer, un siècle après, dans le comtat Venaissin.

On ne peut dire précisément à quelle époque fut établie la course de Beaucaire. Peut-être est-elle aussi ancienne que la foire qui fut instituée, à ce qu’on prétend, par Raymond VI comte de Toulouse, en reconnaissance du zèle que les Beaucairois avaient montré pour ses intérêts pendant la guerre des Albigeois[1]. On ne peut préciser non plus à quelle époque

  1. C’est l’opinion de l’auteur du Traité historique de la foire de Beaucaire, in-4o, imprimé à Marseille en 1734. Cet auteur dit que le fils de Raymond VI confirma les franchises accordées par son père à la ville de Beaucaire. Cependant il n’est pas question de ces franchises dans la charte des concessions faites par le fils. L’acte le plus ancien où il en soit parlé, suivant Millin, fut donné par Louis XI, en 1463 ; mais on voit par une expression de cet acte, remarque encore Millin, que la foire était plus ancienne. Charles VIII ajouta aux privilèges accordés par son père.