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l’autre ; et cette opinion a été la doctrine de plusieurs écoles. Il est permis, sans doute, de différer d’avis sur ce point avec saint Augustin et ses disciples ; mais il faut convenir que, même dans ce monde, l’ordre naturel des événements offre souvent les plus fortes apparences d’une rétribution morale, ce qui suffit pour défendre le proverbe contre les démentis que lui donne l’ingratitude.

admirateur. — À sot auteur sot admirateur.

Au jugement de saint Jérôme, il n’y a pas de si sot écrivain qui ne trouve un lecteur semblable à lui. Nullus tam imperitus scriptor est, qui lectorem non inveniat similem sui. (Præf. in lib. xii comment. in Isai.) — Boileau a enchéri sur cette pensée lorsqu’il a dit :

Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire.

On pourrait enchérir encore sur le vers de Boileau, attendu que pour un sot auteur il y a souvent cent plus sots admirateurs. — Champfort demandait plaisamment : Combien faut-il de sots pour faire un public ?

admiration. — L’admiration est la fille de l’ignorance.

C’est-à-dire que les ignorants sont grands admirateurs.

Tout est géant dans la nature
Aux yeux étroits du peuple nain.

(Thomas.)

Quelqu’un a très bien dit : Moins on sait, plus on croit ; moins on comprend, plus on admire ; et Vauvenargues a remarqué avec raison que l’admiration est moins souvent une preuve de la perfection des choses que de l’imperfection de notre esprit.

« Les sots admirent quelquefois, mais ce sont des sots. Les

personnes d’esprit ont en eux les semences de toutes les vérités et de tous les sentiments. Rien ne leur est nouveau : ils admirent peu ; ils approuvent. »

(La Bruyère.)

On allonge quelquefois le proverbe en disant : L’admiration est la fille de l’ignorance et la mère des merveilles. — Nous remarquerons, sur cette adjonction, que l’idée qu’elle exprime se