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proposait de se soumettre en obtenant la possession de la Normandie comme apanage. Ce proverbe paraît pris de l’Ecclésiastique, qui dit, ch. xxxiii : « Ne donnez point pouvoir sur vous, pendant votre vie, à votre fils, à votre femme, à votre frère, ou à votre ami ; ne donnez point à un autre le bien que vous possédez, de peur que vous ne vous en repentiez, et que vous ne soyez réduit à leur en demander avec prière. Tant que vous vivrez et que vous respirerez, que personne ne vous fasse changer sur ce point ; car il vaut mieux que ce soient vos enfants qui vous prient, que d’être réduit à attendre ce qui vous viendra d’eux….. Distribuez votre succession le jour que finira votre vie et à l’heure de votre mort. »

Les Espagnols disent qu’il faut frapper d’un maillet le front de celui qui donne son bien avant sa mort. Quien da lo suyo antes de su muerte, que le den con un maço en la frente.

Ces proverbes ont été inspirés par l’égoïsme ; mais ils ne sont que trop justifiés par l’ingratitude des héritiers souvent pires que les vautours, car les vautours ne s’attachent qu’aux cadavres. Si vultur es, cadaver expecta, disaient les Latins à l’homme avide qui voulait dévorer la succession d’un parent encore en vie.

Le parti le plus raisonnable à prendre est indiqué dans ce passage de Montaigne : « Un père atterré d’années et de maux, privé par sa faiblesse, et faute de santé, de la commune société des hommes, il se fait tort et aux siens de couver inutilement un grand tas de richesses. Il est assez en estat, s’il est sage, pour avoir désir de se dépouiller pour se coucher, non pas jusques à la chemise, mais jusques à une robe de nuit bien chaude. Le reste des pompes de quoy il n’a plus que faire, il doit en estrenner volontiers ceux à qui par ordonnance naturelle cela doit appartenir. »

dératé. — Courir comme un dératé.

C’est courir vite et longtemps. — Locution fondée sur la croyance populaire que les meilleurs coureurs ont dû leur agilité extraordinaire à l’oblitération ou à l’absence de la rate, vis-