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cujas.Commenter les œuvres de Cujas.

Le célèbre juriste Cujas laissa en mourant une fille âgée de treize ans, nommée Suzanne, laquelle fut bien loin d’être aussi chaste que sa patronne. Le président de Thou, qui s’intéressait beaucoup à elle, se hâta de la marier, aussitôt qu’elle eut atteint sa quinzième année, pour prévenir les suites de son tempérament amoureux ; mais il ne put empêcher, dit Bayle, qu’elle ne devançât le mariage ; et depuis ses noces, elle continua si ouvertement ses galanteries que son mari, qui était un honnête gentilhomme, en mourut de chagrin. Elle en épousa un autre, et alla de mal en pis. Les élèves en droit, qui étaient toujours bien reçus chez elle, désertaient l’école pour lui faire la cour. Ils appelaient cela commenter les œuvres de Cujas, et cette expression passa en proverbe pour désigner les privautés des écoliers avec la fille du maître.

Le professeur de droit Edmond Mérille, dépité de voir Suzanne Cujas enlever tous les jours quelque étudiant à son cours, fit contre elle cette épigramme latine qui est assez bien tournée :

Viderat immensos Cujati nata labores
Æternum patri promeruisse decus.
Ingenio haud poterat tam magnum æquare parentem
Filia : quod potuit corpore fecit opus.

Nicolas de Catherinot a écrit la vie de Suzanne Cujas, dans laquelle il a voulu faire revivre la Quartilla de Pétrone et l’Alix de Marot.

cul.Être à cul.

C’est ne savoir plus que faire ni que dire. — Allusion à un usage autrefois observé dans l’Université de Paris, où les écoles étaient jonchées de paille sur laquelle les étudiants étaient assis. Chacun d’eux se levait pour répondre lorsqu’il était interrogé, et s’il demeurait court, dans l’examen qu’il avait à subir, il était obligé de se rasseoir, ce qui s’appelait être à cul ou être mis de cul, comme on le voit dans cette phrase de Rabelais (liv. ii) : « Il tint contre tous les régents et orateurs, et les mit de cul. »