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de piété que de superstition, car on attribuait à ces luminaires consacrés, de même que les païens aux flambeaux de Cérès[1], une foule de vertus surnaturelles propres à conjurer les vents, les tonnerres, les grêles, les tempêtes, les spectres nocturnes et les démons, comme le disent les vers suivants :

Mira est candelis illis et magna potestas ;
Nam tempestates creduntur tollere diras
Accensæ, simul et sedare tonitrua cæli,
Dæmonas atque malos arcere horrendaque noctis
Spectra, atque infaustæ mala grandinis atque pruinæ, etc.

(Naogeorgus Hospinian, lib. iv Regni papistici.)

chandelle. — Devoir à Dieu une belle chandelle.

On dit d’une personne sauvée de quelque danger qu’elle doit à Dieu une belle chandelle, par allusion à la coutume d’offrir des chandelles de cire à Dieu et aux saints, en reconnaissance de leur protection. Autrefois ces chandelles étaient plus ou moins belles, selon le degré d’importance qu’on attachait aux grâces obtenues. Les grands seigneurs offraient des cierges égaux à leur corps en poids et en longueur, et cela s’appelait donner son pesant de cire. Louis XI se fit remarquer plusieurs fois par cette dévotion.

Les habitants de Paris, après la bataille de Poitiers où le roi Jean fut fait prisonnier, eurent un tel effroi des gens de guerre qui ravageaient la campagne, qu’ils offrirent à Notre-Dame une bougie roulée comme une corde et assez longue, dit-on, pour faire le tour de leur ville.

À chaque saint sa chandelle.

Il faut faire la cour à chaque personne qui peut nous faire du bien ou du mal.

Donner une chandelle à Dieu et une au diable.

C’est se ménager adroitement la faveur de deux partis opposés. — Robert de La Mark avait fait peindre sur ses enseignes

  1. On lit dans un sermon d’Innocent III que la fête de la Chandeleur fut substituée à celle de Cérès, où l’on fesait de grandes illuminations et où les femmes portaient des flambeaux.