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BRE

geur de la pluie en lui couvrant la tête et les épaules.

Oncle ou tante à la mode de Bretagne.

Nulle part la parenté ne s’étend aussi loin qu’en Bretagne ; elle y dépasse le douzième degré, en se comptant double dans plusieurs cas. Ainsi les enfants donnent le titre d’oncle ou de tante, non-seulement au frère ou à la sœur, mais au cousin-germain ou à la cousine-germaine de leur père ou de leur mère, comme ils en reçoivent par réciprocité le titre de neveu ou de nièce.

On raconte qu’un capucin, prêchant à la prise d’habit de la fille de sa cousine-germaine, s’écria : « Quel honneur pour vous, ô ma cousine, qui devenez la belle-mère du Seigneur, et quelle gloire pour moi qui vais être l’oncle du bon Dieu à la mode de Bretagne ! »

Je ne garantis pas l’anecdote ; il se pourrait pourtant qu’elle fut vraie, et que le capucin eût voulu enchérir sur saint Jérôme, qui disait à Paula pour la féliciter d’avoir voué au ciel la virginité de sa fille Eustochium : Socrus dei esse cæpisti. Vous avez commencé d’être la belle-mère de Dieu. (D. Hieron opera, t. 1, p. 140, ad Eustochium.)

breton. — Qui fit Breton fit larron.

La vérité n’a point été sacrifiée à la rime dans ce proverbe, comme le prétend Fleury de Bellingen, car s’il est vrai que les habitants de la Bretagne, d’après sa remarque, ne sont pas plus adonnés au vol que ceux des autres provinces, il n’en a pas été toujours ainsi. La manière barbare dont ils pillaient les vaisseaux échoués sur leurs côtes en est une preuve. Les seigneurs riverains, qui retiraient les principaux bénéfices de ce brigandage connu sous le nom de droit de bris, recouraient ordinairement, pour le rendre plus productif, à un moyen aussi singulier qu’inhumain. Ils fesaient promener pendant la nuit, près des récifs, un bœuf qui portait sur la tête une lanterne allumée et qui avait une jambe liée, afin qu’il imitât par sa marche claudicante les ondulations du fanal d’un navire, de manière à tromper ceux qui étaient en mer et à les attirer