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pas en maîtriser le mouvement. Pendant que les capitalistes, fascinés par les promesses de ce financier, couraient en foule échanger leurs écus contre le papier de la banque de Mississipi, qu’il avait établie rue Quincampoix, à Paris, un bossu, qui se tenait assidûment dans l’hôtel où se fesaient les échanges, parvint à gagner beaucoup d’argent en offrant sa bosse pour pupitre aux spéculateurs pressés de signer des billets ; et, comme on désignait alors ce beau négoce par l’expression, Donner dans le Mississipi, on trouva plaisant d’admettre une variante indiquée par la circonstance, en disant des mississipiens pris pour dupes qu’ils avaient donné dans la bosse.

L’expression Donner dans a été signalée comme récente au commencement du dix-huitième siècle dans un livre curieux imprimé à Bruxelles en 1701, et intitulé : La politesse, l’esprit et la délicatesse de la langue française, par l’auteur de l’Éloquence du temps. Mais elle est beaucoup plus ancienne dans certaines expressions proverbiales, telles que Donner dans la visière, Donner dans le panneau, etc.

bossu. — Rire comme un bossu.

On a observé que les bossus montrent en général de la gaieté, et qu’ils sont habitués à rire et à faire rire, même à leurs dépens ; ce qui pourrait bien être une espèce de tactique à laquelle ils se seraient façonnés de longue main, afin de prévenir les plaisanteries dont ils sont toujours menacés ou de les repousser avec plus d’avantage, après avoir eu l’air d’être eux-mêmes peu affectés du vice de conformation qui les leur attire.

Les bossus d’Orléans.

On croit qu’il y a, ou du moins qu’il y avait autrefois à Orléans un plus grand nombre de bossus qu’en aucune autre ville de France, et une vieille tradition, rapportée par La Fontaine, explique facétieusement ce phénomène de la manière suivante : La Beauce fut primitivement un pays couvert de monts. Les Orléanais, gens pour la plupart délicats et fainéants, qui voulaient marcher à leur aise, se plaignirent au