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préface.

du corps et aux charmes du confortable. Toutefois, quoi qu’il fasse, l’intelligence ne saurait perdre ses droits et sa prééminence ; et les travaux qui tendent à éclairer l’histoire des usages et de la morale des peuples offriront toujours quelque intérêt aux hommes qui veulent s’instruire.

Pour faire comprendre le but du livre que je publie, je dois dire ce que j’entends par proverbes :

J’ai pris ce terme dans le sens que lui attribue cette charmante définition d’Érasme, Celebre dictum scita quadam novitate insigne, et, à l’exemple de cet esprit si fin et si ingénieux, j’ai regardé le piquant du tour et l’originalité de l’expression comme la condition expresse des vrais proverbes.

Cependant mon intention, non plus que celle d’Érasme lui-même, n’a pas été de n’en admettre que de tels : mon recueil eût été réduit à des proportions trop exiguës. Néanmoins, je n’ai pas cherché à le grossir de ces locutions grossières traînées dans les ruisseaux des halles, de ces mots disgracieux, de ces sales dictons qui se trouvent souvent dans la bouche des gens sans éducation. Plus scrupuleux que la plupart des parémiographes[1], j’ai laissé dans son bourbier natal toute cette phraséologie de la canaille. S’il m’a fallu citer quelques-unes de ces façons de parler un peu libres de nos anciens poëtes ou prosateurs, parce qu’il était important de les expliquer, je n’ai jamais oublié ces élégantes paroles de saint Augustin, de pu-

  1. Ce mot, qui reviendra souvent dans mon Dictionnaire, a besoin d’être expliqué. Il dérive du grec et désigne un auteur qui écrit sur les proverbes.