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CHAPITRE ii

En quête d’un nouveau frisson


Lecteur, compatis au malheur de mistress All’ Keudor, née Geneviève Petit ! Si tu n’as pas l’âme aussi dure que l’oreille de ce bon Charles Maurras, tu es ému par la singulière infortune de la pauvre petite. Réfléchis :

Être emmenée à New-York par un valeureux soldat démobilisé, après avoir perdu son propre père, devant ses yeux, à l’instant même où, par un terrible embrouille­ment pileux, on ne pouvait réussir à perdre autre chose. Se voir ainsi pourvue, dans la vie, d’un soutien que l’on étaie de sa dot et du produit de la vente de la bijouterie paternelle. C’est bien, c’est normal, c’est juste.

S’apercevoir, en arrivant, que son mari avait accou­tumé, pour vivre, de cirer les bottes dans la 32e Avenue, c’est moins bien. Lui acheter un bar dans la 69e ça va mieux ; voir nommer ce bar Au Chat Percé en hom­mage à une rare vertu, c’est très bien.

Mais constater tout d’un coup que le volage époux, vêtu, cette fois, non d’un uniforme mais d’un complet transcendant, bouleverse à Paris le cœur de Linette et reste avec elle, avec aussi une grose part de la dot de la pauvre abandonnée, hé bien ! ça, c’est désastreux, surtout lorsque toute une vie peut s’en trouver brisée et que les cancans vont marcher jusqu’au haut des gratte­-ciel voisins. Pauvre petite quêteuse ! À quand les nou­veaux frissons ?

Et puis, qui est cette Linette ?

— Monsieur John ! Comment est-elle Linette, cette effroyable Linette ?

— Mistress, je n’avais pas vu plus que des yeux tout