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d’apéritif. Léa est dans le bar supérieur. Elle bâille énor­mément, comme trompe un éléphant, car elle regrette son amoureux parisien. Léa pense, durant que Teddy se pro­mène de droite et de gauche :

— Pourquoi ai-je suivi jusqu’à ce patelin cette moitié d’English qui n’a pas l’air de vouloir rentrer à Paname ? J’en ai marre de sa trombine. D’autant qu’il est plutôt rat. « Oh ! Bon saint Antoine ! Faites-moi trouver le chic type qui me ramène à mon gentil Roger. (Vous ai-je dit qu’il s’appelle Roger, l’amant habituel de Léa ?)

Saint Antoine — pas celui de Padoue, celui du cochon — laisse rarement ses fidèles dans l’embarras. Un mon­sieur se présente :

— Oh ! mademoiselle, dit-il en allemand, vous me séduisez tout à fait. Puis-je me risquer jusqu’à vous offrir un bock ?

— Oh ! monsieur ! Je voudrais bien, mais mon amant…

— Qu’importe ? Un baiser de connaissance ?

— Ne Ne Ne…

Il la baise et sur la bouche vraiment consentante. Juste à ce moment Teddy arrive ; il a bu passablement. Aussi ne manque-t-il pas d’exagérer sa dignité chance­lante :

— Mistress ! dit-il, je avais sorti votre chère et indéli­cate personne de… oui, des ordures où elle était aux « waters » de l’Hôtel Moderne ! Ce n’était pas, certaine­ment pour vous voir baiser par le premier goujat venu, alors que je payais encore toute l’entretien de votre corps pas propre !

» Monsieur, vous, vous me rendrez raison. Je allais commander cartes de visite pour donner à vous !

— Monsieur, répondit l’autre, vous n’avez pas besoin de me rendre la raison que j’ai. Quant à vous, ce n’est