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des alcools à brûler parfumés invraisemblablement, et à des prix honorables.

C’est lui qui avait inventé ce système de donner à chaque client, avec sa consommation d’alcool défendu, une lampe et une casserole emplie d’eau avec un café­-filtre. Vous comprenez ?

Il venait de servir ainsi, certain soir, à un client, un flacon d’alcool, un réchaud genre Pigeon, avec une casse­role d’eau et un unitasse garni de café en poudre, le tout moyennant cinquante cents (un demi dollar).

Le client buvait, dans le verre à café, l’alcool servi. Arrive un agent secret :

— Sir, dit-il à Teddy, vous êtes pris.

— Comment, pris ?

— Mais oui ! Vous servez de l’alcool.

— Monsieur, vous faites erreur. J’ai acheté cet alcool régulièremnt. Voici ma facture.

— Mais c’est de l’alcool dénaturé !

— Oui, monsieur, c’est de l’alcool dénaturé que je donne au client pour qu’il fasse chauffer l’eau de la casse­role que voici à la températun voulue par son goût, de façon à préparer un café-filtre qui lui plaise complète­ment. Est-ce mon droit ?

— Sans doute ! Mais votre alcool sent l’absinthe et votre client le boit.

— Monsieur, je ne puis empêcher mes client de boire l’alcool au lieu de le verser dans la lampe. D’autre part, aucune loi ne m’interdit de vendre de l’essence d’absinthe sans alcool. Le client m’en demande parce que l’odeur de l’alcool dénaturé lui fait trouver son café mauvais. Je lui en sers. Ce serait dénaturé de la part d’un commer­çant de ne pas le faire !

» Monsieur, si vous me poursuivez dans de telles condi­tions, je suis certain que vous ne trouverez aucun texte pour me faire condamner. »