a son père pour le conduire hors de son nid. Et moi, où est mon père pour me montrer mon chemin ?
Voix de Femmes.
Faut-il donc déjà partir ?
Chœur des Tribus.
Ah ! Oui, il faut partir. Ne voyez-vous pas déjà
les hirondelles qui prennent leur vol du côté
de la mer ? Mon âme se soulève dans mon sein,
comme la cigogne dans son nid quand le jour du
départ est arrivé. Les nuages ne se pressent-ils
pas à l’horizon, comme des voyageurs sous des
tentes de lin ? Le fleuve ne se hâte-t-il pas,
de peur d’arriver une heure trop tard ? Les
îles ne passent-elles pas dans la brume comme
des sarcelles ? Le vent balaye les éperviers
de mer, il secoue la crinière des chevaux
sauvages ; où donc vont-ils tous ? N’y a-t-il
que nous qui ne franchirons pas notre seuil ?
Nous, qui nous sommes levés dans la nuit,
comme la source de terre qui ne sait pas où
elle passera le soir. Puisque tout s’ébranle,
partons, suivons la foule.
Voix dans l’Univers.
Venez, venez.
Première Tribu.
Je choisis, moi, pour me conduire, le grand fleuve
du Gange ; c’est lui qui a les bords les plus
larges, et des flots profonds comme le ciel.
Deuxième Tribu.
Je sais bien qui sera mon guide : c’est le
grillon. Il est fort comme le lion, il est
rapide comme l’aigle, il a sur