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des convives jusqu’au fond. Ce vin de roi m’enivre ; mes vagues, qui chancellent, sont mes sujets. çà ! Qu’on se courbe jusqu’à terre.



A présent qu’on soupire ; à présent qu’on se taise ; à présent qu’on sanglote. Mes fleuves, en foulant, comme des vendangeurs, les pampres de leurs rives, sont mes échansons qui m’apportent à boire. Ce flot est trop amer ; qu’il retourne à sa source ! Un autre, un autre, et puis cent, et puis mille. à mon caprice que tout se ploie ! D’un souffle, je fais, je défais mes villes mugissantes ; mes murailles, pour me défendre des larrons, ne me coûtent, à bâtir jusqu’aux nues, qu’une haleine. Mon royaume n’a point de bords ni de portes pour sortir. La flèche empanachée ne me peut rien ; l’épée qui me frappe se rouille dans mon sein. Au loin, auprès, il n’est pas un voisin qui me pense détrôner. Si je me souille, j’ai de quoi laver ma tache ; et rien ne laisse de trace derrière moi que mon manteau, quand le soleil l’empourpre.



Le Père éternel.

Assez, majesté d’écume, goutte d’eau à ton tour, déjà trop enivrée. Voilà, pour ta peine, une herbe déracinée, avec un peu de mousse, à ronger sur mon rivage.




Tribus humaines rassemblées sur le sommet De l’Himalaya.



Un Enfant.

Père, voyez au loin, bien loin, au milieu de la mer, l’eau qui se couvre d’écume ! Oh ! Dites-moi, est-ce