C’est ton héritier ; je ne te connais plus.
Le Roi.
Qui est là ?
L’Océan.
Ouvrez, ouvrez-moi.
Le Roi.
Miséricorde ! Mer des îles, océan tout d’écume,
que veux-tu à ma porte ? Si tu demandes mon
manteau, le voici.
L’Océan.
Votre manteau, beau sire, est trop petit pour
mes épaules.
Le Roi.
Si tu veux ma coupe d’or, pleine de vin pour
t’enivrer ; prends-la dans ta vague.
L’Océan.
Que votre coupe, sur mes lèvres, me désaltère ! ...
c’est pour rire, mon maître.
Le Roi.
Eh bien ! Voici ma couronne ; mets-la sur ton front.
L’Océan.
Fi de votre couronne ! J’aime mieux, pour bandeau,
ma poussière d’écume.
Le Roi.
Que veux-tu donc ?
L’Océan.
M’asseoir là, à votre table, à votre place. Allez
régner sur mes grains de sable. Encore un pas,
et je suis sur votre trône. M’y voici ; qu’on
y est à son aise ! Là où était un monde, là
est un flocon d’écume ; à mon tour, je suis
donc roi. Avec le sceptre je veux jouer, avec
la tiare odorante, avec les vases du banquet ;
je lèche les coupes