Madeleine.
Pour te transfigurer une deuxième fois, va-t’en
dans une nouvelle Béthanie, sur un nouveau
Thabor, fait de tous les sommets entassés l’un
sur l’autre. Comme tes apôtres, dans la poudre,
pendant que l’univers se pâme au pied de ta
colline, Dieu-géant, monte, monte plus
haut de tout un ciel. Les bras étendus pour
étreindre toutes choses, emporte avec toi les
sphères et les nues jusqu’à ma dernière cime
encore déshabitée.
Le Christ.
Tout est fini. étends-moi dans le sépulcre de mon
père. Ainsi soit-il.
L’Eternité.
Au père et au fils j’ai creusé de ma main une
fosse dans une étoile glacée qui roule sans
compagne et sans lumière. La nuit, en la voyant
si pâle, dira : c’est le tombeau de quelque
dieu.
Et, à cette heure, je suis seule pour la seconde
fois. Non, pas encore assez seule. Je m’ennuie
de ces mondes qui, chaque jour, me réveillent
d’un soupir. Mondes, croulez ! Cachez-vous !
Les Mondes.
En quel endroit ?
L’Eternité.
Là, sous ce pli de ma robe.
Le Firmament.
Faut-il emporter toutes mes étoiles, comme un
faucheur l’herbe fleurie qu’il a semée ?
L’Eternité.
Oui, je les veux toutes cueillir ; c’est leur
saison.
Le Sphinx.
Quand vous avez sifflé pour m’appeler en messager,
je vous ai suivie en tous lieux ; et j’ai
c