ne bronchez
plus sur mon seuil. Vous traînez, tout maintenant,
dans votre char, des pensées immortelles que
votre salive souillerait.
Dans ma cité des âmes, partout une même langue se
parlera, qu’on appelle poésie. Faite, sans
lettres et sans paroles, de soupirs de l’eau
qui baisse, de la dernière plainte de l’oiseau
qui s’endort, et de la voix de la fleur
primeraine dans sa cloche argentine, du
murmure du coquillage sur sa rive et du désir
sur son déclin, chacun l’entendra sans l’avoir
apprise. Toute lasse de la veille, quand une
étoile arrivée le matin, à la maison du
Sagittaire ou des jumeaux, voudra s’arrêter,
qu’elle dise seulement : ouvre-moi, beau
Sagittaire ; ouvrez-moi pour m’abriter. Et
les cieux la comprendront.
Mieux rassemblés dans ma main, désormais mes
peuples m’écouteront mieux. De cent royaumes,
je ne fais plus rien qu’un royaume, plus grand,
et plus beau, et plus puissant. De mille lois,
j’en fais une seule, plus facile à obéir.
écrite à ma voûte chaque jour, avec un rayon
de soleil, pour la voir, il ne faudra que lever
la tête. En suivant dans leurs ornières
profondes leurs orbites d’or, mes empires
vont circuler chaque année autour de moi, dans
mon carrousel, sur leurs roues embrasées.
Voyez ! Ils sont repartis. Derrière eux le
firmament chancelle. Courage ! Plus vite !
Allons ! Plus vite ! Je les attends pour les
regarder passer. échevelés, hors d’haleine,
qu’ils se penchent en avant sur leurs
constellations, avec leurs fouets qui flambent.
Le premier qui touchera, sans tomber, ma
barrière, je le couronnerai.
Comme à Rome la sainte, quand c’était l’heure de
l’ave,
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