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ferons, si vous voulez, une Babylone avec des tours de bois d’ébène, et une autre ville de Bethléem, avec une crèche de saphir pour un Christ nouveau s’il doit jamais renaître.



Le Père éternel.

J’y consens. Travaillez. Voilà dix siècles que je vous donne dans votre sablier. -à présent, dans la terre, dans l’écume du flot, dans le nuage du ciel, ne reste-t-il plus un secret qu’une voix n’ait prononcé ?



Mob.

Plus un seul. Si quelque fleur trop timide dans sa haie, si quelque source trop pudibonde sur son sable, n’ont pas osé vous dire leur mystère, les grandes voix des villes et des peuples vous l’ont dit à leur place à son de trompes.



Le Père éternel.

A présent, ma cité est achevée, et peuplée et pleine d’âmes jusqu’aux combles. Tous les mondes ne font qu’une ville close de créneaux et de murailles d’azur. Chaque étoile est la maison où une âme demeure. De sa terrasse, elle regarde en souriant, sous sa paupière peinte, mes rues remplies de gens, mes ponts tout dorés sur l’abîme sans fond, mes palais bâtis des pierres du firmament, l’escalier luisant, où monte et descend, sans peur, mon écuyer, et les astres qui jaillissent sous la corne du pied de mon cheval. Mes faubourgs vont jusqu’au bout de l’univers, sans craindre de se perdre ; et rien ne frappe à ma porte que le flot du ciel quand il est en colère.



Flot du ciel, entends-moi. Ne brise plus ma barque. Elle est remplie, à cette heure, d’esprits ressuscités que ton écume salirait.

Cavales aux cheveux d’or,